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Livre de la Genèse
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Le Livre des Origines : Caïn et Abel
Genèse 4,1-26

Le Livre des Origines en a fini avec les récits de la création des cieux et de la terre, avec celle de l'humanité. Commencée dans l'harmonie, si positive, elle s'est terminée dans la prise de conscience douloureuse que quelque chose est déjà cassé. Cependant, la vision positive du début subsiste, comme un horizon qui doit maintenir l'espérance : la création est bonne, l'être humain est à l'image et à la ressemblance de Dieu. Cela ne peut être supprimé.
Nous abordons le premier récit, celui où Adam et Eve enfantent leurs fils, nous rappelant qu'avant tout, les Ecritures sont orientées vers la vie - et tout le texte biblique le répètera sans cesse. Et voici que l'histoire des premiers descendants est une histoire de meurtre. Cela soulève une question : que signifie que le premier récit du Livre de sorigines mette en scène le meurtre du frère ? Pourquoi l'humanité commence-t-elle ainsi ?

4 1  Adam connut Eve, sa femme; elle conçut, et enfanta Caïn et elle dit: J'ai formé un homme avec l'aide du SEIGNEUR. 2 Elle enfanta encore son frère Abel.

Abel fut berger, et Caïn fut laboureur. 3 Au bout de quelque temps, Caïn fit au SEIGNEUR une offrande des fruits de la terre ; 4 et Abel, de son côté, en fit une des premiers-nés de son troupeau et de leur graisse. Le SEIGNEUR porta un regard favorable sur Abel et sur son offrande ; 5 mais il ne porta pas un regard favorable sur Caïn et sur son offrande.

Connaître sa femme...

Ce récit commence par une très belle expression, fréquente dans la Bible : l'homme connut Eve, sa femme... Le verbe dit la première rencontre sexuelle entre l'homme et la femme.
Il dit aussi la compréhension de la connaissance comme bien autre chose qu'une aventure intellectuelle : pour le sémite, elle est avant tout expérience intime d'un mystère.

Pourquoi Dieu a-t-il refusé l'offrande de Caïn en acceptant celle d'Abel ? En agissant ainsi, n'est-il pas finalement le responsable du meurtre ?
S'interroger ainsi est partir sur une fausse piste ! Le texte lui-même en donne des indices si on regarde l'importance respective des différentes parties du récit du meurtre (versets 2-16) : trois sont beaucoup plus développées, ce qui les signale comme les véritables enjeux du texte :

  • la tentation, objet d'un long avertissement du Seigneur qui met en garde Caïn à son sujet,
  • les conséquences du meurtre pour le meurtrier : même la terre lui refusera son appui,
  • la protection du meurtrier qu'il ne sera pas permis de tuer.
Alors ? Pourquoi l'offrande de Caïn est-elle rejetée ? Rien n'en est dit, tout simplement parce qu'elle n'est pas le sujet du récit, mais son occasion.

Caïn fut très irrité, et son visage fut abattu. 6 Et le SEIGNEUR dit à Caïn: Pourquoi es-tu irrité, et pourquoi ton visage est-il abattu ? 7 Certainement, si tu agis bien, tu relèveras ton visage, et si tu agis mal, le péché se couche à la porte, et ses désirs se portent vers toi: mais toi, domine sur lui.

Vitrail de la Création : Caïn et Abel.- Eglise de la Madeleine à Troyes [by Vassil, PuDomain]La tentation
 
Encore une fois, le texte met en scène la tentation. Dans le chapitre précédent, on voyait le serpent tentateur agir auprès de la femme. Ici, au contraire, c'est le SEIGNEUR qui met en garde Caïn contre elle et rappelle qu'il est possible de la dominer.
Cela redit d'abord que la tentation, d'une part n'est pas péché, d'autre part n'aboutit pas inéluctablement au péché : elle est une épreuve contre laquelle il est possible de lutter. Au début de son ministère, Jésus y sera affronté et saura la dominer.
En même temps, le texte nous dit le sérieux de la tentation avec une formule saisissante : si tu agis mal, le péché se couche à la porte, et ses désirs se portent vers toi... Ce faisant, l'histoire de Caïn et Abel nous remet devant notre responsabilité, c'est-à-dire notre liberté de choisir entre le bien et le mal : ce dernier n'est pas une fatalité.
Jan van Eyck, détail de l'autel de Gand : Caïn et Abel [Yorck Project]

8 Cependant, Caïn adressa la parole à son frère Abel; mais, comme ils étaient dans les champs, Caïn se jeta sur son frère Abel, et le tua. 9 Le SEIGNEUR dit à Caïn: Où est ton frère Abel? Il répondit: Je ne sais pas; suis-je le gardien de mon frère ? 10 Et Dieu dit: Qu'as-tu fait? La voix du sang de ton frère crie de la terre jusqu'à moi. 11 Maintenant, tu seras maudit de la terre qui a ouvert sa bouche pour recevoir de ta main le sang de ton frère. 12 Quand tu cultiveras le sol, il ne te donnera plus sa richesse. Tu seras errant et vagabond sur la terre.

13 Caïn dit au SEIGNEUR Mon châtiment est trop grand pour être supporté. 14 Voici, tu me chasses aujourd'hui de cette terre; je serai caché loin de ta face, je serai errant et vagabond sur la terre, et quiconque me trouvera me tuera. 15 Le SEIGNEUR lui dit: Si quelqu'un tuait Caïn, Caïn serait vengé sept fois. Et le SEIGNEUR mit un signe sur Caïn pour que quiconque le trouverait ne le tuât point. 16 Puis, Caïn s'éloigna de la face du SEIGNEUR, et habita dans la terre de Nod, à l'orient d'Éden.

Ici, le Seigneur est un Dieu qui se fait proche de l'homme. L'importance des dialogues en est le signe. Dès la tentation, le Seigneur se manifeste pour avertir Caïn de façon à ce qu'il se resaisisse.
Après le meurtre, l'intervention de Dieu n'est pas présentée d'abord pour condamner Caïn, mais pour le mettre face à son acte, lui permettre de faire la vérité.
  • Conséquences du meurtre. Le dialogue aboutit à l'annonce du châtiment : la malédiction. Curieusement, elle n'est pas dite venir de Dieu, mais de la terre : même le sol ne peut admettre l'acte de Caïn. La terre ne peut plus donner de nourriture à l'homme qui agit contre la vie.
  • Protection sur Caïn : il en appelle au Seigneur d'un châtiment qu'il juge trop lourd, et le Seigneur entend le cri du meurtrier : malgré son crime, Dieu ne permet pas qu'il soit traité n'importe comment ni qu'il soit mis à mort.
  • Culte rendu à Dieu : Si Genèse 4 mentionne des offrandes au Seigneur (v. 3-5), ou l'invocation de son Nom, c'est que l'idée d'un culte rendu à Dieu va de soi pour les auteurs du Livre des origines.

17 Caïn connut sa femme; elle conçut, et enfanta Hénoc. Il bâtit ensuite une ville, et il donna à cette ville le nom de son fils Hénoc. 18 Hénoc engendra Irad, Irad engendra Mehujaël, Mehujaël engendra Metuschaël, et Metuschaël engendra Lémec.

19 Lémec prit deux femmes: le nom de l'une était Ada, et le nom de l'autre Tsilla. 20 Ada enfanta Jabal: il fut le père de ceux qui habitent sous des tentes et près des troupeaux. 21 Le nom de son frère était Jubal: il fut le père de tous ceux qui jouent de la harpe et du chalumeau. 22 Tsilla, de son côté, enfanta Tubal Caïn, qui forgeait tous les instruments d'airain et de fer. La soeur de Tubal Caïn était Naama.

23 Lémec dit à ses femmes:

Ada et Tsilla, écoutez ma voix!
Femmes de Lémec, écoutez ma parole !
J'ai tué un homme pour ma blessure,
Et un jeune homme pour ma meurtrissure.
24 Caïn sera vengé sept fois,
Et Lémec soixante-dix-sept fois.

Hans Acker, Caïn tuant Abel, détail de la cathédrale luthérienne à Ulm [Yorck Project]Entre Caïn et Abel, le texte fait bien des différences :

  • Quand Eve enfante Caïn, elle exulte avec un jeu de mots sur son nom, mais quand elle enfante Abel, elle ne dit rien...
  • Quand Caïn a tué Abel, le Seigneur a un long dialogue avec lui, et il nous est même dit où Caïn s'en va : au pays de Nod, à l'Orient d'Eden. Le Seigneur ne parle pas avec Abel...
  • Après le meurtre d'Abel, le texte nous présente toute la descendance de Caïn : d'abord un fils, Hénok - et nous voyons Caïn bâtir une ville du même nom - puis les descendants de son fils...
  • enfin, le nom que porte Abel est bien pâle...

Alors ? Elémentaire ! Le texte s'intéresse à Caïn et non à Abel ; pourquoi ? Le texte en donne aussi des indices :

  • Gn 4,1 présente la naissance du premier enfant d'Adam et Eve,
  • Immédiatement après le meurtre d'Abel, il y a encore des généalogies : celle de Caïn puis de son descendant Lamek. Enfin, le chapitre présente une autre branche généalogique à partir d'Adam,
  • Pour nombre de ces personnages, on dit de qui ils furent les ancêtres : pasteurs, agriculteurs, forgerons, musiciens...

Mais c'est bien sûr... qu'une des préoccupations du texte est de montrer comment l'humanité commence à se structurer, à acquérir ses modes de vie : comme il y a Adam et Eve, ancêtres de toute l'humanité, il faut des ancêtres à chaque groupe humain, des généalogies. C'est à elles que vient peut-être s'ajouter le récit du meurtre.

25 Adam connut encore sa femme; elle enfanta un fils, et l'appela du nom de Seth, car, dit-elle, Dieu m'a donnée un autre fils à la place d'Abel, que Caïn a tué. 26 Seth eut aussi un fils, et il l'appela du nom d'Énosch. C'est alors que l'on commença à invoquer le nom du SEIGNEUR.

La fin du chapitre 4 nous rappelle que dire Dieu en français, Elohîm en hébreu ou Allah en arabe, n'évoque que la personne de Dieu en général, sans lui donner une identité. Pour les Ecritures, le Dieu d'Israël - qui est aussi le Dieu de Jésus Christ - a un nom propre : le SEIGNEUR.


Des noms évocateurs

Parce qu'on sait que, dans la Bible, le nom dit l'identité de la personne, on recherche la signification de ceux des acteurs du texte.
  • Eve donne une une signification au nom de Caïn, faisant un jeu de mots sur lui : j'ai procréé un homme avec le Seigneur. Jeu de mots entre Caïn et le verbe procréer ou, mieux, acquérir, acheter. Mais le terme a sans doute aussi à voir avec le travail du métal, et il sert alors à présenter Caïn comme l'ancêtre de ceux qui travaillent les métaux : ce fut sans doute un tel progrès pour la civilisation qu'il fallait donner un père à cette corporation.
  • Quant à Abel, le nom peut se traduire par buée, souffle ou sans valeur, attribué à celui qui n'est présenté que pour être tué par son frère...

A travers cela, que nous dit l'Ecriture ?

Genèse 4 ne s'intéresse pas à l'existence des deux frères : nous ne savons presque rien sur Abel et nous ne les voyons pas se disputer, même si, souvent, pasteurs et agriculteurs sont en conflit - les bêtes des uns pouvant abîmer les terres des autres. Le texte porte donc sur la question du meurtre : sa genèse et ses conséquences.

A travers le récit de la chute en Gn 3, il était question de la relation à Dieu, ici, il s'agit des relations avec le frère, mais les deux textes sont construits de la même façon : tentation, chute, dialogue avec Dieu, châtiment qui n'est pas la mort, enfin exil.

Pour réfléchir...

  • Personnellement, par quoi suis-je particulièrement frappé dans le texte ?
  • Comment Dieu se révèle-t-il dans ses dialogues avec Caïn ?
  • Quelle signification donner à la protection mise sur Caïn ?
  • Comment comprendre que le premier récit de la Bible sur les "fils d'homme" soit celui d'un meurtre ?

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