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Livre de la Genèse
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Le cycle d'Abraham : La vocation d'Abraham
Genèse 12,1-13,18

Voici qu'après le Livre des origines, nous entrons dans ce qu'on a coutume d'appeler l'histoire du salut.

L'essentiel ici des deux chapitres est qu'ils s'inscrivent entre deux bénédictions, ou plutôt à l'intérieur de l'unique bénédiction d'Abraham par Dieu : quand Dieu bénit, il ne retire jamais sa bénédiction mais, au contraire, il l'approfondit et la précise.

Cependant, n'oublions pas que tout commence par une invitation et un départ : partir de son pays, de sa famille, bref de tous ses repères, non pas pour aller vers l'inconnu, mais pour découvrir un pays neuf et qui sera bénédiction, pour soi, pour ceux qu'on aime et pour les autres : le don de Dieu.

121  Le SEIGNEUR dit à Abram:

Va-t-en de ton pays, de ta patrie, et de la maison de ton père, dans le pays que je te montrerai. 2  Je ferai de toi une grande nation, et je te bénirai; je rendrai ton nom grand, et tu seras une source de bénédiction. 3 Je bénirai ceux qui te béniront, et je maudirai ceux qui te maudiront; et toutes les familles de la terre seront bénies en toi.

4  Abram partit, comme le SEIGNEUR le lui avait dit, et Lot partit avec lui.

Le Seigneur appelle Abram à partir et que celui-ci part ; c'est tout. On peut se demander pourquoi ces quatre versets sont un des passages les plus célèbres, non seulement du livre de la Genèse, mais aussi de toute la Bible !
Est-ce à cause de ce départ ? Est-ce par l'ampleur de la bénédiction qui, à partir d'Abram, va être communiquée à toutes les familles de la terre, c'est-à-dire à toute l'humanité ? Probablement pas.

En fait, quand les livres bibliques reviennent sur celui qui deviendra Abraham, c'est pour noter sa foi : si Abram est parti ainsi, c'est parce qu'il avait foi en Dieu

La Bible place donc le début de l'histoire du salut sous le signe de la foi : ce qui fait agir et s'engager. C'est elle qui est et sera cause de bénédiction, non seulement pour le croyant mais aussi pour ceux qui viendront après lui : nous.

Camels, by Clav, Erg Chebbi (Creative Commons)Abram était âgé de soixante-quinze ans, lorsqu'il sortit de Haran. 5  Abram prit Saraï, sa femme, et Lot, fils de son frère, avec tous les biens qu'ils possédaient et les serviteurs qu'ils avaient acquis à Haran. Ils partirent pour aller dans le pays de Canaan, et ils arrivèrent au pays de Canaan.

6 Abram parcourut le pays jusqu'au lieu nommé Sichem, jusqu'aux chênes de Moré. Les Cananéens étaient alors dans le pays. 7  Le SEIGNEUR apparut à Abram, et dit: Je donnerai ce pays à ta postérité. Et Abram bâtit là un autel au SEIGNEUR qui lui était apparu. 8  Il se transporta de là vers la montagne, à l'orient de Béthel, et il dressa ses tentes, ayant Béthel à l'occident et Aï à l'orient. Il bâtit encore là un autel au SEIGNEUR, et il invoqua le nom du SEIGNEUR. 9  Abram continua ses marches, en s'avançant vers le midi.

Abram ou Abraham

Ce n'est qu'en Genèse 17,5 que le Seigneur dira à Abram : "On ne t'appellera plus du nom d'Abram, mais ton nom sera Abraham car je te donnerai de devenir le père d'une multitude de nations". Dans la Bible, le changement de nom indique que Dieu donne une mission correspondant à ce nom.

Le texte donne d'ailleurs son étymologie d'Abraham : ab-hamôn, père d'une multitude. Mais on a aussi proposé : ab-ham, père du peuple. En fait, il semble que le sens le plus probable du mot soit ab-ram, le père est élevé, sans qu'on puisse dire vraiment en quoi Abraham est différent d'Abram.

Le mot vocation, du latin vocare, appeler, signifie seulement 'appel'. Mais qui dit 'appel' dit un personnage qui appelle. Ainsi, quand une une personne a une vocatioin, elle reconnaît être appelée par un Autre. Se posent alors deux questions : vérifier que cet appel est bien authentique et décider de la réponse à lui donner.

10  Il y eut une famine dans le pays; et Abram descendit en Égypte pour y séjourner, car la famine était grande dans le pays.

11  Comme il était près d'entrer en Égypte, il dit à Saraï, sa femme: Voici, je sais que tu es une femme belle de figure. 12  Quand les Égyptiens te verront, ils diront: C'est sa femme! Et ils me tueront, et te laisseront la vie. 13  Dis, je te prie, que tu es ma soeur, afin que je sois bien traité à cause de toi, et que mon âme vive grâce à toi.

14  Lorsque Abram fut arrivé en Égypte, les Égyptiens virent que la femme était fort belle. 15  Les grands de Pharaon la virent aussi et la vantèrent à Pharaon; et la femme fut emmenée dans la maison de Pharaon. 16  Il traita bien Abram à cause d'elle; et Abram reçut des brebis, des boeufs, des ânes, des serviteurs et des servantes, des ânesses, et des chameaux. 17  Mais le SEIGNEUR frappa de grandes plaies Pharaon et sa maison, au sujet de Saraï, femme d'Abram. 18  Alors Pharaon appela Abram, et dit: Qu'est-ce que tu m'as fait? Pourquoi ne m'as-tu pas déclaré que c'est ta femme? 19  Pourquoi as-tu dit: C'est ma soeur? Aussi l'ai-je prise pour ma femme. Maintenant, voici ta femme, prends-la, et va-t-en! 20  Et Pharaon donna ordre à ses gens de le renvoyer, lui et sa femme, avec tout ce qui lui appartenait.

131  Abram remonta d'Égypte vers le midi, lui, sa femme, et tout ce qui lui appartenait, et Lot avec lui.

Précarité du nomade

Le Croissant fertile, by NormanEinstein. Trad. Eric Gaba - GNU FDLHonnêtement, dans cette histoire d’Abram et de Saraï en Egypte on peut se demander si c’est Pharaon ou Abram qui nous choque le plus. Après tout, Abram se sert plutôt bien de sa femme ! Nous touchons là l’ampleur du saut culturel à faire pour rejoindre ces textes, leur époque et celle de leur rédaction.

Avant de juger le comportement des uns ou des autres, regardons ce que traduit l’épisode : avant tout la grande précarité du nomade que la famine toujours possible peut pousser à s’éloigner des siens et qui est alors exposé aux pires rencontres, sans autre appui que sa ruse. Elle n’est pas belle ? Elle lui sauve la vie... et le texte redit que le SEIGNEUR veut prendre sa défense. Notons aussi que quel que soit le comportement d’Abram, il n’abolit pas la promesse du SEIGNEUR : dans la Bible, celle-ci est toujours irrévocable.

La figure d'Abraham apparaît ici contrastée : tour à tour homme de foi - quand il part à l'invitation du Seigneur - et sage capable d'éviter les conflits - quand il laisse Lot choisir une part apparemment meilleure. Il se montre aussi peu regardant sur les moyens de se sauver - aux dépens de sa femme Saraï. Le texte biblique nous rappelle ainsi que l'appel de Dieu concerne avant tout des hommes et non des surhommes.

2  Abram était très riche en troupeaux, en argent et en or. 3  Il dirigea ses marches du midi jusqu'à Béthel, jusqu'au lieu où était sa tente au commencement, entre Béthel et Aï, 4  au lieu où était l'autel qu'il avait fait précédemment. Et là, Abram invoqua le nom du SEIGNEUR.

Lot et Abram se séparent (Basilique Ste Marie Majeure)5  Lot, qui voyageait avec Abram, avait aussi des brebis, des boeufs et des tentes. 6  Et la contrée était insuffisante pour qu'ils demeurassent ensemble, car leurs biens étaient si considérables qu'ils ne pouvaient demeurer ensemble. 7  Il y eut querelle entre les bergers des troupeaux d'Abram et les bergers des troupeaux de Lot. Les Cananéens et les Phérésiens habitaient alors dans le pays. 8  Abram dit à Lot: Qu'il n'y ait point, je te prie, de dispute entre moi et toi, ni entre mes bergers et tes bergers; car nous sommes frères. 9  Tout le pays n'est-il pas devant toi? Sépare-toi donc de moi: si tu vas à gauche, j'irai à droite; si tu vas à droite, j'irai à gauche. 10  Lot leva les yeux, et vit toute la plaine du Jourdain, qui était entièrement arrosée. Avant que le SEIGNEUR eût détruit Sodome et Gomorrhe, c'était, jusqu'à Tsoar, comme un jardin du SEIGNEUR, comme le pays d'Égypte. 11  Lot choisit pour lui toute la plaine du Jourdain, et il s'avança vers l'orient. C'est ainsi qu'ils se séparèrent l'un de l'autre. 12  Abram habita dans le pays de Canaan; et Lot habita dans les villes de la plaine, et dressa ses tentes jusqu'à Sodome. 13  Les gens de Sodome étaient méchants, et de grands pécheurs contre le SEIGNEUR.

Vie quotidienne
des
patriarches
semi-nomades

A ceux qui savent s'y intéresser, ces textes en donnent des témoignages précieux :

  • La querelle de Genèse 13,5-13 nous rappelle la difficulté de la vie des pasteurs : comment nourrir plusieurs troupeaux sur des terres où résident déjà des habitants (ici les Cananéens et les Phérésiens) ? S’ils essaient de vivre de leur terre, les troupeaux n’y sont pas les bienvenus et une coexistence pacifique devient vite difficile. La sagesse est alors de tenter de s’entendre en veillant à ne pas pâturer au même endroit. Ici, Abram qui invite Loth à choisir ce qu’il préfère est proposé comme un modèle.
  • La question de l’irrigation est cruciale et toute l’Ecriture en témoigne : Dieu va-t-il donner la pluie bienfaisante ? Le rêve du sémite est de vivre dans un jardin.
  • L’Egypte apparaît comme une terre de refuge en cas de famine, nous rappelant qu’Alexandrie, plus tard, nourrira Rome. Plus tard aussi, Jacob, pendant une famine en Canaan, enverra ses fils chercher du blé en Egypte.

14  Le SEIGNEUR dit à Abram, après que Lot se fut séparé de lui:

Lève les yeux, et, du lieu où tu es, regarde vers le nord et le midi, vers l'orient et l'occident; 15  car tout le pays que tu vois, je le donnerai à toi et à ta postérité pour toujours. 16  Je rendrai ta postérité comme la poussière de la terre, en sorte que, si quelqu'un peut compter la poussière de la terre, ta postérité aussi sera comptée. 17  Lève-toi, parcours le pays dans sa longueur et dans sa largeur; car je te le donnerai.
18  Abram leva ses tentes, et vint habiter parmi les chênes de Mamré, qui sont près d'Hébron. Et il bâtit là un autel au SEIGNEUR.

Bénir : dire ou faire du bien ?

Bénir, c’est simplement dire du bien. Mais dans le monde biblique, on sait que la parole fait ce qu’elle dit : elle est « performative ». Ainsi, au premier jour de la création, Dieu dit : ‘que la lumière soit’, et la lumière fut. Israël a donc un sentiment très fort de l’importance de la parole, au point que la loi de sainteté du Lévitique énonce, les mettant sur un même plan : « N’exploite pas ton prochain et ne le vole pas... n’insulte pas un sourd, et ne mets pas d’obstacle devant un aveugle... » (19,13-14).

Nous, nous comprendrions qu’il soit interdit d’exploiter son prochain ou de mettre un obstacle devant un aveugle – ce qui pourrait le faire tomber –, nous sommes moins enclins à comprendre l’importance de ne pas insulter un sourd. Pour l’homme biblique au contraire, ce qui est ‘dit’ survient ; dire du mal est donc faire le mal comme dire du bien signifie faire du bien.


A la loupe

Quelle ampleur a la bénédiction ! Elle touche Abram mais ne s'arrête pas à lui : elle s'étend ensuite à ses proches, ceux qui le béniront. Enfin elle s'étend à toutes les familles de la terre... par l'intermédiaire d'Abram. Ainsi, en recevant la bénédiction de Dieu, Abram se transforme à son tour en bénédiction pour l'humanité tout entière dès le début de l'histoire du salut, et on perçoit bien la dimension universaliste de celle-ci.

Il n'y a pas d'autre bénédiction de cette ampleur dans la Bible hébraïque. En même temps, elle permet de percevoir combien, dans la Bible, toute bénédiction, tout 'choix' de Dieu rejaillit sur les autres.

Alors ? Elémentaire ! Devant l'ampleur de ce développement, on n'est pas tenté d'accorder autant d'importance à la malédiction sur ceux qui le maudiront. La malédiction n'est là que pour souligner l'effet de la bénédiction sur ceux qui bénissent Abram : comme seront malheureux ceux qui maudiront la source de tant de bénédiction ! Etant donné tout ce que pourrait recevoir l'humanité d'Abram, il faut bien remarquer que c'est un constat qui ne se veut qu'objectif...

Le Croissant fertile

Le Livre des origines semblait se dérouler en grande partie en Mésopotamie. Voici qu’avec le début du cycle d’Abraham, l’action descend, à travers le pays de Canaan, jusqu’au pays d’Egypte.

Dès le début du livre de la Genèse, nous faisons donc connaissance avec le théâtre d’opérations qui sera celui de tout l’Ancien Testament : le Croissant fertile, qui réunit l’Egypte à l’ouest, avec le Nil, et la Mésopotamie à l’est avec le Tigre et l’Euphrate, en passant par Israël, souvent favorisé par les pluies et la présence de sources, au milieu des terres désertiques ou des montagnes et plateaux plus arides. Israël apparaît donc comme l’espace qui donne la vie ou comme une voie de communication naturelle.

Pour réfléchir...

  • Si j'essaie de me laisser toucher par le texte, qu'est-ce qui m'y paraît le plus étonnant :
    • le départ d'Abram sur la parole de Dieu ?
    • Abram et Saraï chez Pharaon ?
    • le partage des terres avec Lot ?
    • la bénédiction ?
  • Qu'est-ce que j'ai envie de retenir dans ces bénédictions ?

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