Évangile selon saint Marc
Textes liturgiques, (c) AELF, Paris
6 1 Jésus est parti pour son pays…
…et ses disciples le suivent. 2 Le jour du sabbat, il se mit à enseigner dans la synagogue. Les nombreux auditeurs, frappés d’étonnement, disaient : « D’où cela lui vient-il ? Quelle est cette sagesse qui lui a été donnée, et ces grands miracles qui se réalisent par ses mains ? 3 N’est-il pas le charpentier, le fils de Marie, et le frère de Jacques, de José, de Jude et de Simon ? Ses soeurs ne sont-elles pas ici chez nous ? » Et ils étaient profondément choqués à cause de lui. 4 Jésus leur disait : « Un prophète n’est méprisé que dans son pays, sa famille et sa propre maison. » 5 Et là il ne pouvait accomplir aucun miracle ; il guérit seulement quelques malades en leur imposant les mains. 6 Il s’étonna de leur manque de foi. Alors il parcourait les villages d’alentour en enseignant.
7 Jésus appelle les Douze,
et pour la première fois il les envoie deux par deux. Il leur donnait pouvoir sur les esprits mauvais, 8 et il leur prescrivit de ne rien emporter pour la route, si ce n’est un bâton ; de n’avoir ni pain, ni sac, ni pièces de monnaie dans leur ceinture. 9 « Mettez des sandales, ne prenez pas de tunique de rechange. » 10 Il leur disait encore : « Quand vous avez trouvé l’hospitalité dans une maison, restez-y jusqu’à votre départ. 11 Si, dans une localité, on refuse de vous accueillir et de vous écouter, partez en secouant la poussière de vos pieds : ce sera pour eux un témoignage. » 12 Ils partirent, et proclamèrent qu’il fallait se convertir. 13 Ils chassaient beaucoup de démons, faisaient des onctions d’huile à de nombreux malades, et les guérissaient.
6 14 Comme le nom de Jésus devenait célèbre,…
…le roi Hérode en entendit parler. On disait : « C’est Jean le Baptiste qui est ressuscité d’entre les morts, et voilà pourquoi il a le pouvoir de faire des miracles. » 15 Certains disaient : « C’est le prophète Élie. » D’autres disaient encore : « C’est un prophète comme ceux de jadis. » 16 Hérode entendait ces propos et disait : « Celui que j’ai fait décapiter, Jean, le voilà ressuscité ! »
17 Car c’était lui, Hérode, qui avait fait arrêter Jean et l’avait mis en prison. En effet, il avait épousé Hérodiade, la femme de son frère Philippe, 18 et Jean lui disait : « Tu n’as pas le droit de prendre la femme de ton frère. » 19 Hérodiade en voulait donc à Jean, et elle cherchait à le faire mettre à mort. Mais elle n’y arrivait pas 20 parce que Hérode avait peur de Jean : il savait que c’était un homme juste et saint, et il le protégeait ; quand il l’avait entendu, il était très embarrassé, et pourtant, il aimait l’entendre.
21 Cependant, une occasion favorable se présenta lorsque Hérode, pour son anniversaire, donna un banquet à ses dignitaires, aux chefs de l’armée et aux notables de la Galilée. 22 La fille d’Hérodiade fit son entrée et dansa. Elle plut à Hérode et à ses convives. Le roi dit à la jeune fille : « Demande-moi tout ce que tu veux, je te le donnerai. » 23 Et il lui fit ce serment : « Tout ce que tu me demanderas, je te le donnerai, même si c’est la moitié de mon royaume. » 24 Elle sortit alors pour dire à sa mère : « Qu’est-ce que je vais demander ? » Hérodiade répondit : « La tête de Jean le Baptiste. » 25 Aussitôt la jeune fille s’empressa de retourner auprès du roi, et lui fit cette demande : « Je veux que tout de suite tu me donnes sur un plat la tête de Jean Baptiste. » 26 Le roi fut vivement contrarié ; mais à cause du serment fait devant les convives, il ne voulut pas lui opposer un refus. 27 Aussitôt il envoya un garde avec l’ordre d’apporter la tête de Jean. Le garde s’en alla, et le décapita dans la prison. 28 Il apporta 1a tête sur un plat, la donna à la jeune fille, et la jeune fille la donna à sa mère.
29 Lorsque les disciples de Jean apprirent cela, ils vinrent prendre son corps et le déposèrent dans un tombeau.
30 Les Apôtres se réunissent auprès de Jésus,
et lui rapportent tout ce qu’ils ont fait et enseigné. 31 Il leur dit : « Venez à l’écart dans un endroit désert, et reposez-vous un peu. » De fait, les arrivants et les partants étaient si nombreux qu’on n’avait même pas le temps de manger. 32 Ils partirent donc dans la barque pour un endroit désert, à l’écart. 33 Les gens les virent s’éloigner, et beaucoup les reconnurent. Alors, à pied, de toutes les villes, ils coururent là-bas et arrivèrent avant eux.
34 En débarquant, Jésus vit une grande foule. Il fut saisi de pitié envers eux, parce qu’ils étaient comme des brebis sans berger. Alors, il se mit à les instruire longuement.
35 Déjà l’heure était avancée ;
ses disciples s’étaient approchés et lui disaient : « L’endroit est désert et il est déjà tard. 36 Renvoie-les, qu’ils aillent dans les fermes et les villages des environs s’acheter de quoi manger. » Il leur répondit : 37 « Donnez-leur vous-mêmes à manger. » Ils répliquent : « Allons-nous dépenser le salaire de deux cents journées pour acheter du pain et leur donner à manger ? » 38 Jésus leur demande : « Combien avez-vous de pains ? Allez voir. » S’étant informés, ils lui disent : « Cinq, et deux poissons. » 39 Il leur ordonna de les faire tous asseoir par groupes sur l’herbe verte. 40 Ils s’assirent en rond par groupes de cent et de cinquante. 41 Jésus prit les cinq pains et les deux poissons, et, levant les yeux au ciel, il prononça la bénédiction, rompit les pains, et il les donnait aux disciples pour qu’ils les distribuent. Il partagea aussi les deux poissons entre eux tous. 42 Tous mangèrent à leur faim. 43 Et l’on ramassa douze paniers pleins de morceaux de pain et de poisson. 44 Ceux qui avaient mangé les pains étaient au nombre de cinq mille hommes.
6 45 Aussitôt après, Jésus obligea ses disciples…
…à monter dans la barque et à le précéder sur l’autre rive, vers Bethsaïde, pendant que lui-même renvoyait la foule. 46 Quand il les eut congédiés, il s’en alla sur la montagne pour prier. 47 Le soir venu, la barque était au milieu de la mer et lui, tout seul, à terre. 48 Voyant qu’ils se débattaient avec les rames, car le vent leur était contraire, il vient à eux vers la fin de la nuit en marchant sur la mer, et il allait les dépasser. 49 En le voyant marcher sur la mer, les disciples crurent que c’était un fantôme et ils se mirent à pousser des cris, 50 car tous l’avaient vu et ils étaient bouleversés. Mais aussitôt Jésus leur parla : « Confiance ! c’est moi ; n’ayez pas peur ! » 51 Il monta ensuite avec eux dans la barque et le vent tomba ; et en eux-mêmes ils étaient complètement bouleversés de stupeur, 52 car ils n’avaient pas compris la signification du miracle des pains : leur coeur était aveuglé.
53 Ayant traversé le lac, ils abordèrent à Génésareth et accostèrent. 54 Ils sortirent de la barque, et aussitôt les gens reconnurent Jésus : 55 ils parcoururent toute la région, et se mirent à transporter les malades sur des brancards là où l’on apprenait sa présence. 56 Et dans tous les endroits où il était, dans les villages, les villes ou les champs, on déposait les infirmes sur les places. Ils le suppliaient de leur laisser toucher ne serait-ce que la frange de son manteau. Et tous ceux qui la touchèrent étaient sauvés.
7 1 Les pharisiens et quelques scribes étaient venus de Jérusalem…
…Ils se réunissent autour de Jésus, 2 et voient quelques-uns de ses disciples prendre leur repas avec des mains impures, c’est-à-dire non lavées. – 3 Les pharisiens en effet, comme tous les Juifs, se lavent toujours soigneusement les mains avant de manger, fidèles à la tradition des anciens ; 4 et au retour du marché, ils ne mangent pas avant de s’être aspergés d’eau, et ils sont attachés encore par tradition à beaucoup d’autres pratiques : lavage de coupes, de cruches et de plats. – 5 Alors les pharisiens et les scribes demandent à Jésus : « Pourquoi tes disciples ne suivent-ils pas la tradition des anciens ? Ils prennent leurs repas sans s’être lavé les mains. » 6 Jésus leur répond : « Isaïe a fait une bonne prophétie sur vous, hypocrites, dans ce passage de l’Écriture : Ce peuple m’honore des lèvres, mais son coeur est loin de moi. 7 Il est inutile, le culte qu’ils me rendent ; les doctrines qu’ils enseignent ne sont que des préceptes humains. 8 Vous laissez de côté le commandement de Dieu pour vous attacher à la tradition des hommes. »
9 Il leur disait encore : « Vous rejetez bel et bien le commandement de Dieu pour observer votre tradition. 10 En effet, Moïse a dit : Honore ton père et ta mère. Et encore : Celui qui maudit son père ou sa mère sera mis à mort. 11 Et vous, vous dites : ‘Supposons qu’un homme déclare à son père ou à sa mère : Les ressources qui m’auraient permis de t’aider sont corbane, c’est-à-dire offrande sacrée.’ 12 Vous l’autorisez à ne plus rien faire pour son père ou sa mère, 13 et vous annulez la parole de Dieu par la tradition que vous transmettez. Et vous faites beaucoup de choses du même genre. »
14 Il appela de nouveau la foule et lui dit : « Écoutez-moi tous, et comprenez bien. 15 Rien de ce qui est extérieur à l’homme et qui pénètre en lui ne peut le rendre impur. Mais ce qui sort de l’homme, voilà ce qui rend l’homme impur. »
16 17 Quand il eut quitté la foule
pour rentrer à la maison, ses disciples l’interrogeaient sur cette parole énigmatique. 18 Alors il leur dit : « Ainsi, vous aussi, vous êtes incapables de comprendre ? Ne voyez-vous pas que tout ce qui entre dans l’homme, en venant du dehors, ne peut pas le rendre impur, 19 parce que cela n’entre pas dans son coeur, mais dans son ventre, pour être éliminé ? » C’est ainsi que Jésus déclarait purs tous les aliments.
20 Il leur dit encore : « Ce qui sort de l’homme, c’est cela qui le rend impur. 21 Car c’est du dedans, du coeur de l’homme, que sortent les pensées perverses : inconduite, vols, meurtres, 22 adultères, cupidités, méchancetés, fraude, débauche, envie, diffamation, orgueil et démesure. 23 Tout ce mal vient du dedans, et rend l’homme impur. »
7 24 partant de là, Jésus se rendit dans la région de Tyr…
….Il était entré dans une maison, et il voulait que personne ne sache qu’il était là ; mais il ne réussit pas à se cacher. 25 En effet, la mère d’une petite fille possédée par un esprit mauvais avait appris sa présence, et aussitôt elle vint se jeter à ses pieds. 26 Cette femme était païenne, de nationalité syro-phénicienne, et elle lui demandait d’expulser le démon hors de sa fille. 27 Il lui dit : « Laisse d’abord les enfants manger à leur faim, car il n’est pas bien de prendre le pain des enfants pour le donner aux petits chiens. » 28 Mais elle lui répliqua : « C’est vrai, Seigneur, mais les petits chiens, sous la table, mangent les miettes des petits enfants. » Alors il lui dit : 29 « A cause de cette parole, va : le démon est sorti de ta fille. » 30 Elle rentra à la maison, et elle trouva l’enfant étendue sur le lit : le démon était sorti d’elle.
31 Jésus quitta la région de Tyr ;
passant par Sidon, il prit la direction du lac de Galilée et alla en plein territoire de la Décapole. 32 On lui amène un sourd-muet, et on le prie de poser la main sur lui. 33 Jésus l’emmena à l’écart, loin de la foule, lui mit les doigts dans les oreilles, et, prenant de la salive, lui toucha la langue. 34 Puis, les yeux levés au ciel, il soupira et lui dit : « Effata ! », c’est-à-dire : « Ouvre-toi ! » 35 Ses oreilles s’ouvrirent ; aussitôt sa langue se délia, et il parlait correctement. 36 Alors Jésus leur recommanda de n’en rien dire à personne ; mais plus il le leur recommandait, plus ils le proclamaient. 37 Très vivement frappés, ils disaient : « Tout ce qu’il fait est admirable : il fait entendre les sourds et parler les muets. »